Dans quelle mesure les jardins collectifs contribuent-ils à la lutte contre la précarité alimentaire sur le territoire du GPV Rive Droite ? C’est la question à laquelle Théa de Pourtalès, stagiaire PAT de janvier à juin 2024, a tenté de répondre.
On compte 67 jardins collectifs sur le territoire du GPV, allant des traditionnels jardins familiaux aux jardins thérapeutiques, en passant par les jardins pédagogiques, partagés et d’entreprise. Ils présentent une diversité de formes et de fonctions : nourricières, sociales, environnementales…
Ce sont les villes de Cenon et Floirac qui comptent le plus de jardins collectifs à ce jour. La carte ci-dessous illustre que l’essentiel des jardins est situé à proximité des quartiers dits prioritaires de la politique de la ville (QPV) : 42% des jardins collectifs de la Rive Droite sont situés à l’intérieur-même d’un QPV.
De nombreux acteurs impliqués
Une diversité d’acteurs sont impliqués dans le développement et l’animation des jardins collectifs, en premier lieu les habitants-jardiniers et les associations qui animent les jardins telles que Le Bocal Local (prestataire de Bordeaux Métropole), Germaine Veille et Place aux Jardins. Mais aussi les bailleurs sociaux (Aquitanis, Clairsienne, Domofrance…) et les Villes membres du GPV (Bassens, Lormont, Cenon et Floirac), propriétaires des fonciers accueillant les jardins collectifs.
Des acteurs de la solidarité alimentaire sont également impliqués dans la vie de ces jardins. Ainsi l’association VRAC y réalise des ateliers cuisine en partenariat avec les associations animatrices des jardins ou encore les épiceries sociales et solidaires de Floirac et Cenon qui possèdent leur propre jardin à destination de leur public.
Le jardin, lieu de production et de lien social
Le jardin collectif, bien qu’il prenne des formes très variées, est un lieu où l’alimentation prend toute sa dimension sociale : lieu de rencontre, d’échange, de repas partagés, de cuisine parfois, de découvertes. C’est aussi un lieu d’autoproduction qui peut permettre à ses pratiquants de regagner du pouvoir d’agir sur leur alimentation et ainsi de contribuer à la lutte contre la précarité alimentaire.
Sur la Rive Droite, les réponses des jardins collectifs à la précarité alimentaire sont limitées et inégales, mais complémentaires : quand les jardins familiaux sont des lieux de forte production qui permettent des économies non négligeables sur le budget alimentaire des bénéficiaires de ces parcelles, les jardins pédagogiques et les jardins partagés jouent un autre rôle. Les premiers permettent de sensibiliser les publics à une alimentation saine et durable. Les seconds sont des lieux de lien social par excellence, permettant la rencontre et les échanges autour des questions d’alimentation.
Les jardins collectifs contre la précarité alimentaire
Sur la Rive Droite, la mobilisation des jardins collectifs dans la lutte contre la précarité alimentaire est encore faible, mais des actions sont en cours de développement sur le territoire, grâce au fonds Mieux Manger Pour Tous reçu par le GPV Rive Droite pour mettre en place des actions de lutte contre la précarité alimentaire dans les quartiers.
Renforcer les collaborations entre les acteurs des jardins collectifs et les acteurs de la solidarité alimentaire, en couplant atelier jardinage et atelier cuisine, est un bon moyen de mobiliser les jardins collectifs dans la lutte contre la précarité alimentaire. Des expérimentations mêlant jardinage et cuisines collectives voient le jour comme à Bondy, en Seine-Saint-Denis, où une association, le LAB3S, a mené pendant deux ans, en collaboration avec les habitants des quartiers, l’expérimentation « Du Potager à la Marmite » couplant ateliers jardinages dans les jardins partagés du quartier et cuisine dans les cuisines collectives. Sur la Rive Droite, l’association VRAC se mobilise sur les jardins collectifs pour y mener des ateliers de cuisine.
La diversité des jardins collectifs
Les jardins familiaux, ancêtres des jardins ouvriers, sont constitués de plusieurs parcelles individuelles de plusieurs centaines de mètres carrés en moyenne. Les jardiniers payent un loyer pour la culture de leur parcelle à l’association ou au collectif en charge du site. On en compte trois sur le territoire du GPV : les jardins de Sybille à Bassens et les jardins du cheminot à Cenon et à Floirac.
Les jardins partagés ont un tout autre fonctionnement. Le jardinage y est avant tout collectif, sur une ou plusieurs parcelles. Ils peuvent aussi avoir des parcelles individuelles, mais toujours en lien avec un espace collectif. Ils sont ouverts à tous. A Cenon, le jardin RêVé à la Marègue, accueille depuis 2020 les habitants autour d’ateliers jardinage au naturel, compostage, bricolage avec Les Compagnons Bâtisseurs et cuisine.
Les jardins pédagogiques sont de petites parcelles dédiées à un public novice en jardinage. Souvent des jardins d’école, ils sont aussi des parcelles dans des fermes, comme à la Ferme des Iris à Lormont, ou dans des espaces culturels de la ville. A Bassens, l’espace Michel Serres accueille ainsi plusieurs bacs pédagogiques sur lesquels viennent jardiner les élèves de l’école Rosa Bonheur située à proximité.
Les jardins thérapeutiques sont des jardins dans des établissements médico-spécialisés, des EPHAD ou encore des résidences pour personnes âgées. Ils se développent grandement ces dernières années, des études ayant montré les bénéfices du jardinage sur la santé. A Lormont, le Bocal Local anime des ateliers à la RPA Victor Hugo avec quelques résidents volontaires.
Enfin, les jardins d’entreprise, à destination des salariés du lieu, sont gérés par l’entreprise Les Nouveaux Potagers sur le territoire. La moitié de la production de ces potagers est redistribuée à la Banque Alimentaire de Bordeaux qui peut ainsi les proposer à ses bénéficiaires. Le bailleur Aquitanis dont les locaux sont basés à Lormont, en a récemment fait l’expérience.
NB : L’étude complète de Théa sera bientôt disponible en téléchargement.
Le Projet Alimentaire Territorial des villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac (Labellisé par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation) vise à développer une alimentation saine et durable, accessible à tous. La restauration collective publique, levier majeur de transition alimentaire, est au cœur du projet. Coordonné par le GPV, il est mené en lien étroit avec le monde de la Recherche.
Lauréat des programmes « Quartiers Fertiles » de l’ANRU et « Mieux manger pour tous » du Ministère des Solidarités.