Au fil du PAT #1 : Les origines

Comment est né le Projet Alimentaire Territorial (PAT) de la Rive Droite et pourquoi ? Qui l’a mûri et amendé ?  Retour aux racines du projet.

photos et textes : Françoise Duret

photo des premières cultures en plein champ sur le site du Canon à Floirac

Les Jardins Garonnais ont commencé à cultivé une partie du Canon à Floirac – automne 2023

 

Tout commence en 2018, à partir d’un constat : des projets d’agriculture urbaine et de solidarité alimentaire se multiplient sur le territoire : micro-ferme à la Burthe initiée par la Ville de Floirac, ferme en aquaponie à Lormont-Lissandre ou champignonnière à Floirac-Dravemont, projets privés soutenus par les pouvoirs publics ou encore implantation d’épiceries solidaires, municipales ou associatives, pour répondre aux problématiques de précarité alimentaire.

 

2018-2019, un territoire en transition

Au plan national, après des années d’urbanisation durant lesquelles le maraîchage a disparu des villes, l’agriculture urbaine fait son grand retour.

Pour les quatre communes de la Rive Droite, s’engager dans un Projet Alimentaire Territorial (PAT) représente une opportunité de transition globale permettant de répondre à des enjeux sociaux, économiques et environnementaux, à travers une série d’actions :

Des fermes maraîchères locales produiront des légumes biologiques de saison à destination principale de la restauration collective publique et des consommateurs locaux en circuit court.

La consommation de produits sains répondra à des enjeux de santé publique et contribuera à lutter contre la précarité alimentaire.

Les fermes serviront de supports pédagogiques de sensibilisation à l’environnement et offriront une opportunité de développer l’insertion, la formation et l’emploi.

 

2020-2022, Retour à la terre

Photo du Grand Tressan, l'un des sites de maraîchage

Grand Tressan – automne 2023

 

La veille foncière, réalisée par le GPV avec les quatre Villes permet de repérer plusieurs fonciers intéressants et disponibles pour accueillir du maraîchage. Ces sites forment un chapelet de parcelles potentiellement « nourricières » de 7 hectares au total :

– 3 hectares au Grand Tressan à Lormont

– 3 hectares, en deux parcelles, au Labat* et au Loret à Cenon

– 1 hectare au Canon à Floirac (foncier Bordeaux Métropole)

NB :  2 hectares devraient s’ajouter à Bassens en 2024… nous en reparlerons dans un futur épisode.

*À Cenon, le Labat est un foncier pas comme les autres… C’est un stade. Inoccupé, il est la propriété de la Ville, concédée dans les années 1960 par les habitants de Plaisance, à condition de ne jamais être construit et de rester dans le patrimoine collectif. Associés, les habitants adhèrent au projet agricole.

Les études de sol préalables sont concluantes, tout comme l’expérimentation de mise en production menée au Grand Tressan en 2020-2021. Il est temps de chercher des porteurs de projet.

 

Mars 2022, Un AMI qui nous veut du bien

Un AMI, appel à manifestation d’intérêt, est un appel d’institutions publiques à candidatures (présentées par des associations ou des entreprises) portant sur un projet d’intérêt général. A la clé pour les porteurs de projets, un accompagnement technique et un soutien financier. Pour le GPV, c’est aussi une manière de tester l’intérêt des candidats potentiels, donc la faisabilité du projet.

Une dizaine de structures répondent. Quelques candidatures se révèlent intéressantes, mais incomplètes. Certains font du maraîchage mais pas de formation, certaines parcelles se trouvent sans candidat… Une situation qui offre néanmoins des perspectives de complémentarité intéressantes : les porteurs de projets sont invités à concilier leurs projets respectifs et leurs compétences. Pour le comité technique composé des référents PAT des quatre mairies, de la métropole et du GPV, la capacité à s’accorder est un indice supplémentaire d’adhésion à la dimension partenariale et collaborative du PAT.

En juillet 2022, trois communes sur quatre trouvent un porteur de projet. Les Coteaux Paysage, association de l’économie sociale et solidaire implantée à Lormont, compétente dans les prés comme dans la formation, interviendra à Cenon et Lormont. Les Jardins Garonnais, producteurs certifiés en agriculture biologique implantés à Baurech et le CREDER, structure de formation qualifiante et professionnalisante, s’associeront à Floirac.

 

Septembre 2022 – 2024

Nadège Vanderbecken, cheffe de projet GPV avec les porteurs de projet au Canon.

 

Le PAT entre dans une nouvelle étape durant laquelle le GPV, avec l’appui du Réseau Cocagne et de Yann Le Gouic, accompagne les porteurs de projets dans la consolidation de leurs dossiers et demandes de financement, jusqu’à la concrétisation.

En parallèle, les Villes et le GPV ont travaillé à sécuriser l’accès à l’eau sur les sites. Un sujet qui fera l’objet d’un prochain épisode à paraître cet été (patience 😉).

 

Cultiver en bonne entente avec les voisins

Photo du stade Labat, bientôt transformé en site de maraîchage

Le Labat, à Cenon, automne 2023

 

Faire vivre des fermes en milieu urbain implique de permettre aux porteurs de projets d’œuvrer au plus près de leurs exploitations. Une chance : le CREDER ou les Coteaux Paysage sont déjà sur place. Quant aux Jardins Garonnais, ils ont un premier site de maraichage à Baurech, non loin de Floirac. La parcelle du Canon comprend toutefois de quoi loger une personne sur site.

Au Loret, à Cenon, le foncier en fond de parcelle est pentu et peu fréquenté, si ce n’est des brebis du parc des Coteaux et de quelques promeneurs. Une partie de la parcelle restera sans doute accessible au public, mais l’exploitation sera clôturée, comme au Grand Tressan ou au Labat. Une mesure indispensable pour préserver plantations et matériel.

Au Canon, les questions de voisinage se jouent sur le plan environnemental. Une partie de la prairie est le lieu d’habitat naturel d’espèces protégées, dont la cisticole des joncs, un passereau qui loge dans les hautes herbes. Pour que le terrain puisse être cultivé, un dossier de dérogation a été déposé auprès des services de l’État qui ont rendu un avis favorable, il y a quelques jours. Un foncier de 1,3 hectare sera sanctuarisé 500 mètres plus loin, au domaine de la Burthe, afin que l’espèce en fasse son nouveau lieu d’habitat et de reproduction.

Les Jardins Garonnais ont néanmoins pu démarrer la mise en culture de leurs jardins de plein champ, en septembre 2023, sur une partie du foncier disponible au Canon. Dans le prochain épisode, nous parlerons de leur installation, rendez-vous en mars !

Au fil du PAT – reportage au long cours

Afin de documenter la mise en œuvre du Projet Alimentaire Territorial de la Rive Droite, le GPV a commandé à la rédactrice indépendante Françoise Duret, un reportage au long cours. Découpé en 10 épisodes, il passera en revue tous les aspects du projet et sera diffusé sur le site et via la lettre d’information du GPV.

 


A propos du PAT de la Rive Droite

Labellisé par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation – octobre 2021

Le Projet Alimentaire Territorial des villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac vise à développer une alimentation saine et durable, accessible à tous. La restauration collective publique, levier majeur de transition alimentaire, est placée au cœur du projet. Coordonné par le GPV, le PAT de la Rive Droite est mené en lien étroit avec le monde de la recherche.

Lauréat de l’appel à projet « Quartiers Fertiles », le GPV bénéficie de l’appui de l’ANRU et de ses partenaires pour les actions en lien avec les quartiers en rénovation urbaine.

 

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