Au Canon, les légumes ramènent leur fraise !

En mars, nous avions laissé les Jardins Garonnais en pleine action dans leur champ à Floirac. Depuis, les légumes ont poussé et la première vente directe a eu lieu au Canon ! Au fil du PAT épisode 3

Portes-ouvertes au Canon à Floirac – 25 mai 2024 – ©FrançoiseDuret

 

25 mai. Un grand jour pour le maraîchage du Canon, 15 000 m² et, pour l’instant, quatre jardins de 15 mètres sur 30 déjà fournis en plants de légumes qui ne demandent qu’à étirer leurs tiges au grand jour. Les visiteurs étaient nombreux pour les premières portes ouvertes. Histoire de voir, faire connaissance, échanger et poser leur regard et des tas de questions pleines d’appétit sur l’activité de la ferme.

Était-ce le soleil ? Le sourire des maraîchers (et de la maraîchère !*) ? Les visiteurs avaient du mal à quitter les lieux, occupés à papoter et croquer des fèves fraîches « origine Floirac garantie » ! Un pur délice que vous avez peut-être raté. Il est encore temps de vous rattraper avec les autres primeurs (lire ci-après) !

Une semaine plus tard, une quinzaine de personnes faisait le chemin jusqu’au 5 chemin des Bories, pour la première vente de produits « made in Canon ».

* Sarah Saint-Mleux, maraîchère formée en agriculture biologique, vient tout juste de rejoindre l’équipe comme associée.

 

Ce fut un hiver exceptionnel…

la technique du paillage – Canon à Floirac ©FrançoiseDuret

 

en quantité de pluie ! L’info n’a échappé à personne : il est tombé le double, voire le triple des précipitations habituelles. Pour les agriculteurs, l’excès d’eau est aussi pénalisant que la sécheresse. D’autant que le sol du Canon est hydrophobe et se transforme rapidement en un sympathique pré humide. Le carnet de culture a été légèrement décalé, mais rien de méchant. Les Jardins Garonnais font preuve de belles capacités d’adaptation !

Un temps à préparer les sols, en testant différentes formules : la surélévation des planches pour éviter que les légumes ne pataugent dans les flaques ; l’occultation par bâche, qui étouffe la prairie en un mois, la transforme en un super fertilisant et réchauffe le sol tout en gardant la surface tempérée ; le paillage qui apporte de la fraîcheur aux plants et calme les ardeurs des adventices ; l’irrigation au goutte à goutte. Les maraîchers sont en mode découverte et expérimentation du terrain. La parcelle n’offrira réellement un retour d’expérience concluant qu’en septembre prochain.

 

Et bientôt, sous les serres…

Montage des serres au Canon – Floirac ©FrançoiseDuret

 

Séquence acrobatique et technique, le montage des serres a eu lieu début mai. Cinq travées de six mètres de large, pour l’instant non couvertes, façon squelettes de dinosaures, ont trouvé leur place dans la prairie. La mise en culture est programmée pour septembre. Au « menu » : légumes d’hiver et de printemps (blettes, épinards, carottes, salades, betteraves) suivis des légumes d’été (tomates, concombres, courgettes) pour la récolte 2025.

Pour couronner le tout (et la structure), les bâches des cinq tunnels accueilleront un système de récupération d’eau de pluie. Une ressource supplémentaire pour l’arrosage, en attendant de récupérer l’eau des toitures des bâtiments qui alimentera le bassin qui sera creusé en 2025. L’irrigation, un sujet dans lequel on vous immergera lors d’un prochain épisode.

 

Des nouvelles des petits légumes

L’équipe du GPV en pleine plantation – juin 2024 – Canon

 

Les récoltes s’enchaînent désormais. Les fèves et l’aillet se portent à merveille. Les tomates, courgettes et concombres, malgré des débuts tardifs, brûlent finalement les planches. L’alternance pluie-soleil a fait son œuvre et, comme le prédit, légitimement satisfait, Syméon Gurnade : « Ça va être extra ! » Au printemps, dans les champs, tout s’accélère. Ça pousse, et vite ! Un mois pour les courgettes et les tomates cerises, deux mois pour les tomates rondes anciennes et les concombres. Suivront les salades et les radis d’ici peu.

Après les légumes d’été, viendra le tour des courges d’automne. Plusieurs centaines de pieds ont été plantés fin mai, avec l’aide de l’équipe du GPV !  Les choux, eux… sont dans les choux. Les voilà bâchés, en transition, devenus matière organique nourricière pour les prochaines plantations.

Une poignée de petits fruitiers bien tendres, plantés cet hiver, n’a pas résisté à l’appétit du chevreuil. Reste une belle cohorte de pommiers, poiriers, cognassiers, cerisiers et autres variétés anciennes et girondines, qui apporteront bientôt diversité, pollinisation, ombre légère, fraîcheur, matière organique une fois taillés… et une « pincée de beauté », comme le dit Louis-Marie Palué !

Le « maraîchage sur sol vivant »

En septembre 2023, il s’agissait surtout « d’enclencher le cycle de la fertilité ». Les associés certifiés en agriculture biologique ont fait venir l’engrais vert de l’extérieur, notamment des restes de substrat de champignons en provenance de la cave agricole de Dravemont. Pour mettre en culture vite et bien, ils ont eu également recours au fertilisant organique (fiente de poulet, guano). Un kilo et demi, soit une grosse pelle par planche… sur 30 mètres de long. Modéré mais efficace !

Optimiser le sol pour la production reste cependant un travail de longue haleine. Les Jardins Garonnais appliquent des techniques agroécologiques basées sur l’observation du terrain. À rebours des labours de l’agriculture intensive. Avec son 1,5 hectare, le Canon joue dans la catégorie des micro-fermes.

Avec le temps et pas mal d’huile de coude, le sol deviendra ainsi auto-fertile. Paillage, bâchage des végétaux, apport en matières organiques diversifiées issues de la parcelle, travail de la terre peu mécanisé… autant de pratiques qui créent les conditions maximales pour régénérer les sols. Le pari, c’est de faire moins de quantité, mais mieux. Un modèle viable (et éprouvé) quand on écoule ses produits en vente directe et auprès des cuisines municipales.

Nourrir les écoles

Livraison à la cuisine de Bassens – juin 2024 ©FrançoiseDuret

 

Les courgettes et les concombres (et bientôt les tomates) sont donc au rendez-vous pour commencer à intégrer les menus des restaurants collectifs des quatre villes de la Rive Droite (écoles, centres de loisirs, résidences autonomie…). Ils rejoignent les plus de 20% de produits bio et locaux déjà utilisés par les cuisines des quatre communes.

La production du Canon est pour l’instant la tomate cerise sur le gâteau : un gain déjà appréciable pour les tous premiers pas de cette expérimentation. S’y joindront en 2025 les légumes produits par les Coteaux Paysage sur d’autres parcelles, nous y reviendrons.

 

Envie de soutenir un projet d’intérêt général  ?

Deux possibilités s’offrent à vous :

– mettre la main à la pâte (et au PAT !), sur la base du volontariat, pour découvrir la vie de la ferme aux côtés des trois associés.

venir nombreux tous les samedis de 9h à midi, pour la vente directe : 5 chemin des Bories. On y trouve des produits de l’autre ferme des Jardins Garonnais, située à Baurech (œufs, tomates, blettes, artichauts…) mais aussi les fèves, l’aillet, les concombres et les courgettes de Floirac ! La meilleure formule, c’est encore l’abonnement à la semaine. On récupère son panier chaque mardi soir. Pour y souscrire : https://lesjardinsgaronnais.fr/le-verger-maraicher/#vente-directe

Vente à la ferme les samedis matins à Floirac https://lesjardinsgaronnais.fr/

 

 


Au fil du PAT, reportage au long cours sur la mise en œuvre du Projet Alimentaire Territorial  de la Rive Droite

Texte et photos : Françoise Duret

Découvrir les épisodes précédents

À Floirac, une parcelle vraiment Canon !

Au fil du PAT #1 : Les origines


Le Projet Alimentaire Territorial des villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac vise à développer une alimentation saine et durable, accessible à tous. La restauration collective publique, levier majeur de transition alimentaire, est placée au cœur du projet. Coordonné par le GPV, le PAT de la Rive Droite est mené en lien étroit avec le monde de la recherche.

Lauréat des appels à projet « Quartiers Fertile » de l’ANRU et « Mieux manger pour tous » du Ministère des Solidarités.

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