Depuis octobre, le troupeau de Rachel Léobet a pris ses quartiers d’hiver, à Triboulet à Cenon. Trois agneaux sont nés à la mi-janvier… Reportage Aline Chambras.
Ce matin, Rachel Léobet est un peu stressée : le dernier né du troupeau, un mâle d’une semaine qu’elle a baptisé Marcel, n’est pas en grande forme. Et pour cause, sa mère ne veut pas s’en occuper. « Ça arrive parfois, mais en général au bout de 2 ou 3 jours, la brebis finit par le nourrir. Là, elle ne veut rien savoir », constate la bergère. Elle a eu beau installer la brebis et son agneau dans un petit enclos à l’écart du reste du troupeau. Rien n’y fait. Dès que l’agneau s’approche de ses mamelles, sa mère le repousse. Rachel s’impatiente : elle décide finalement d’aller chercher une bouteille sur laquelle elle a vissée une tétine, une casserole et du lait en poudre. Puisque la brebis ne daigne pas nourrir son agneau, Rachel lui donnera le biberon. Mais la solution n’est ni viable, ni pérenne. « Je ne peux pas le nourrir convenablement comme ça ». Elle craint que l’agneau ne tienne pas.
Cette même semaine, deux autres agneaux sont nés. Ils sont dans la prairie avec leur mère et le reste du troupeau. « Pour eux ça se passe bien », rassure Rachel. Chaque mise bas s’est très bien passée. « On voit que ce sont des brebis rustiques, elles ont géré toutes seules la naissance de leurs agneaux. Pour la bergère, ces naissances, bien qu’elles soient une joie, sont aussi source d’inquiétudes. « Il y a de grandes chances que les autres brebis, soit 17 têtes, soient aussi enceintes ! ». Ce qui signifierait qu’elle se retrouverait à diriger un troupeau deux fois plus nombreux que maintenant, en avril, au moment de l’itinérance. « J’ai vu l’été dernier avec les premiers agneaux, Beauval et Rozin, que même petits, ils suivaient bien, ils sont costauds ces moutons landais, mais quand même….».
En janvier 2020 Rachel Léobet a rencontré Benoît Voisin, le berger municipal d’Évreux (Eure). Embauché en 2004 par la mairie d’Évreux pour s’occuper d’un troupeau d’une vingtaine de moutons, Benoît Voisin gère aujourd’hui un troupeau de plus de 200 têtes. C’est le seul berger fonctionnaire de France ! Avec Rachel Léobet, ils ont évoqué les problématiques propres à leur vie de berger urbain. « Il m’a expliqué que lui aussi au début il a dû apprendre à concilier gestion du troupeau et vie sociale, ça m’a aidé », détaille la bergère des Coteaux.
Mercredi, elle accueillera un petit groupe d’enfants du centre de loisirs Triboulet, pour leur montrer les agneaux. « J’aime bien discuter avec les petits, ils posent plein de questions, mais il faut aussi leur faire comprendre que les brebis et leurs agneaux ont besoin de calme ».
AUTEUR (texte et photos sauf berger Evreux – GPV) : Aline Chambras
« Il était une bergère… », épisodes précédents
Épisode 8 : Visite à la Burthe / LIRE
Épisode 7 : Pâturage en question / LIRE
Épisode 6 : une journée à Palmer / LIRE
Épisode 5 : la tonte des brebis / LIRE
Épisode 4 : la fête à Rozin / LIRE
Épisode 3 : l’inventaire floristique / LIRE
Épisode 2 : l’arrivée à Triboulet / LIRE
Épisode 1 : la visite du troupeau / LIRE
A propos du pâturage
L’expérimentation d’un pâturage itinérant dans le parc des Coteaux, initiée en 2019, est un projet du parc LAB, le laboratoire du parc des Coteaux, démarche collective rassemblant élus, directeurs de service et jardiniers des 4 villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac pour mettre en œuvre une gestion écologique des 10 parcs municipaux* constituant le parc intercommunal des Coteaux.
L’objectif majeur du pâturage est de mettre en place une gestion écologique des espaces de prairies présents dans le parc des Coteaux. D’une surface totale de 60 hectares, ces espaces de prairies portent un enjeu fort de préservation des espèces animales et végétales en adéquation avec les usages quotidiens des parcs. Des papillons tels que l’Azuré du serpolet (Phengaris arion) ou le Citron de Provence (Gonopteryx cleopatra) se développent dans ces prairies calcaires spécifiques des coteaux de la rive droite de la Garonne.
Le projet de pâturage du parc des Coteaux est porté par les communes de Bassens, Lormont, Cenon, Floirac et le Grand Projet des Villes Rive Droite avec le soutien de Bordeaux Métropole, du Département de la Gironde, de Domofrance et Clairsienne.