Dans le cadre du congrès annuel de l’association Hortis qui fédère les responsables des espaces « nature » en milieux urbains, une visite du parc de la Burthe a été organisée.
Objectif : présenter les réflexions et travaux menés par le parcLab, au travers de l’expérimentation de l’écopâturage et de l’installation de la micro-ferme de Floirac.
Ce jeudi 10 octobre, les participants du congrès Hortis (*) avaient le choix entre quatre visites de terrain dans la métropole bordelaise. Une trentaine d’entre eux a opté pour celle du parc des Coteaux. Au menu : découverte de l’écopâturage et de la micro-ferme. « C’est dommage, ils devront faire sans les brebis puisqu’elles ont été rapatriées il y a quelques jours dans leur base de vie, faute de nourriture suffisante à La Burthe », explique Benjamin Chambelland. Paysagiste et animateur du ParcLab, il endosse aujourd’hui la casquette de guide. « Mais pas question de laisser les brebis affamées parce qu’une visite était prévue », poursuit-il.
Après un tour mené tambour battant à l’Ermitage à Lormont, les congressistes arrivent à La Burthe à Floirac où les attendent Rachel Léobet, la bergère du parc des Coteaux et Jonathan Duvivier, chargé de mission Agenda 21 à la Ville de Floirac. Benjamin Chambelland commence la visite par une rapide présentation de cet atypique parc des Coteaux. L’occasion de rappeler dans quel tissu urbain s’insèrent les 400 hectares de parcs, jardins, promenades et autres espaces récréatifs. «Ici, nous sommes sur la rive droite de la métropole bordelaise et ces parcs ont deux atouts, que nous cherchons à valoriser. D’un côté, leur existence permet de contrebalancer la mauvaise image qui colle encore parfois aux villes qu’ils traversent. De l’autre, ils offrent un meilleur cadre de vie aux gens des quartiers ». Aussi, comme le rappelle Benjamin Chambelland, la gestion du parc des Coteaux, endossée collectivement par les 4 communes de la rive droite, se veut dynamique et porteuse d’initiatives. À l’image de la mise en place de l’expérimentation de l’écopâturage ou de l’ouverture d’une micro-ferme quelques mètres plus bas.
« La Ville de Floirac est engagée depuis 2014 dans le soutien à une alimentation bio et/ou locale et ce projet de micro-ferme a germé dès 2016 », détaille Jonathan Duvivier. « Après avoir trouvé la parcelle adéquate, ici dans le domaine de La Burthe, nous avons fait un appel à projets ». Dont l’heureuse lauréate est Rachel Lagière, une maraîchère à l’origine du Conservatoire du goût, une association qui milite pour un retour à des variétés de fruits et légumes possédant toutes leurs vitamines et leurs nutriments. « Rachel Lagière s’est installée en janvier 2019 et tout se passe très bien, les premières récoltes ont été bonnes, tout se vend en circuit court », continue Jonathan Duvivier.
C’est au tour de Rachel Léobet de présenter l’écopâturage. Elle raconte les naissances de Beauval et Rozin, les détails technico-financiers qui n’avaient pas été anticipés et qu’il a fallu gérer, comme la location d’une bétaillère pour déplacer les bêtes d’un parc à l’autre. Elle précise aussi qu’elle doit bientôt rencontrer le berger et les élus de la Ville d’Evreux, pionnière en la matière. « Ça fait 15 ans qu’ils ont mis en place un berger urbain », rappelle Benjamin Chambelland, « nous nous inspirons vraiment de leur démarche, d’autant qu’eux aussi ont des coteaux calcaires ».
Alexia Quintin, cheffe de service Espaces Naturels à la Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées, écoute d’une oreille attentive. « Nous avons aussi mis en place de l’écopâturage et nous travaillons beaucoup sur cette question de l’agriculture en ville. Mais ce qui me frappe ici, c’est la volonté de tout mettre en cohérence via cette gestion intercommunale. Nous, c’est ce qui nous manque : les pratiques sont encore trop fragmentées en fonction des différentes politiques municipales ». Un peu plus loin, Anne Marchant, chargée des plans de gestion écologique dans le département des Hauts-de-Seine est enthousiaste : « C’est bien d’avoir ces retours d’expériences, ça me conforte dans mon envie de développer de nouveaux métiers, de nouvelles pratiques ». A Nanterre, dans son département, de l’écopâturage a été mis en place en 2018. « Mais c’est plus difficile qu’ici. Nous n’avons pas tout ce foncier disponible. Nous devons travailler dans les dents creuses ». Elle qui connaissait Bordeaux intra-muros n’en revient d’ailleurs pas : « Je ne pensais pas qu’il existait des zones naturelles aussi vastes aux portes de la ville ». Derrière elle, Rafaello Scolamacchia, paysagiste de formation et technicien études et travaux à Chalons-en-Champagne, renchérit : « Ces grands espaces verts aux portes de Bordeaux, c’est vraiment magnifique ! ».
(*) Le congrès Hortis s’est tenu du 10 au 12 octobre à Bordeaux, sur le thème « Aménager les écosystèmes naturels urbains, osons la nature, source de solutions pour la ville de demain »
AUTEUR (texte et photos) : Aline Chambras
« Il était une bergère… », épisodes précédents
Épisode 7 : Pâturage en question / LIRE
Épisode 6 : une journée à Palmer / LIRE
Épisode 5 : la tonte des brebis / LIRE
Épisode 4 : la fête à Rozin / LIRE
Épisode 3 : l’inventaire floristique / LIRE
Épisode 2 : l’arrivée à Triboulet / LIRE
Épisode 1 : la visite du troupeau / LIRE
A propos du pâturage
L’expérimentation d’un pâturage itinérant dans le parc des Coteaux, initiée en 2019, est un projet du parc LAB, le laboratoire du parc des Coteaux, démarche collective rassemblant élus, directeurs de service et jardiniers des 4 villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac pour mettre en œuvre une gestion écologique des 10 parcs municipaux* constituant le parc intercommunal des Coteaux.
L’objectif majeur du pâturage est de mettre en place une gestion écologique des espaces de prairies présents dans le parc des Coteaux. D’une surface totale de 60 hectares, ces espaces de prairies portent un enjeu fort de préservation des espèces animales et végétales en adéquation avec les usages quotidiens des parcs. Des papillons tels que l’Azuré du serpolet (Phengaris arion) ou le Citron de Provence (Gonopteryx cleopatra) se développent dans ces prairies calcaires spécifiques des coteaux de la rive droite de la Garonne.
Le projet de pâturage du parc des Coteaux est porté par les communes de Bassens, Lormont, Cenon, Floirac et le Grand Projet des Villes Rive Droite avec le soutien de Bordeaux Métropole, du Département de la Gironde, de Domofrance et Clairsienne.