Départ gare Saint-Jean. Un chantier colossal de 200 millions d’euros et près de quatre années de travaux ont propulsé la vieille dame dans le 21ème siècle afin d’accueillir dignement les passagers de la Ligne à Grande Vitesse (LGV). Désormais la capitale n’est plus qu’à deux heures et onze minutes de Bordeaux. Et Bassens ? A seulement 9 petites minutes !
A la petite gare de Bassens, nous sommes accueillis par Paul-Henry Verdier, architecte et Mélanie Darroman, responsable de programmes immobiliers au Col, équipe mandatée par la Métropole dans le cadre de l’opération dite des 50 000 logements le long des axes de transport.
L’Escale Verte : des habitations pour tous
Une opération dont l’objectif est de construire des logements à des prix accessibles, « 50 000 logements pour 50 000 familles » le long des axes et des lignes de transports en commun. De facto, le projet Bassens/Cité de la Gare, appelé désormais Escale Verte, est stratégiquement situé à proximité de la gare, étape sur le trajet Bordeaux-Paris, entre la zone industrialo-portuaire et le premier village bâti sur le coteau. « Au total, ce sont 40 logements (de type T2 à T4), dont 36 en accession sociale qui ont été livrés à un coût maîtrisé de 2 500 € le m², parking compris », nous explique Mélanie Darroman . « L’ambition est à la fois d’encourager la mixité sociale et de préserver la qualité de vie des habitants et l’intimité des logements. » Paul-Henry Verdier poursuit : «Nous avons conservé le modèle de l’ancienne Cité de la Gare des années 1920, en bande avec des venelles, afin de maintenir les profondeurs visuelles dans le sens est/ouest et d’offrir aux logements en rez-de-chaussée une double orientation nord/sud. A l’étage, les logements possèdent une triple orientation ». Ainsi, l’ensemble s’organise en terrasses décalées, aussi vastes que les habitations, afin d’offrir une vue vers le fleuve. Et bien sûr, vers le coteau et son parc.
Le Parc de Séguinaud: un patrimoine naturel insoupçonné
Une autre histoire nous attend, bien plus ancienne, enracinée dans cet enrochement calcaire millénaire, autour des châteaux Séguinaud et des Griffons, un des plus beaux parcs du parc intercommunal des Coteaux de la Rive Droite : le parc de Séguinaud. Une histoire portée par les commentaires passionnants de Francis Demarty, jardinier de la ville de Bassens. Nous l’écoutons raconter la richesse naturelle du lieu qu’il habite, qu’il écoute et qu’il comprend mieux que quiconque.
Nous l’écoutons dérouler le fil de la grande Histoire : le développement de la vigne par les Romains, l’histoire du vin, entre périodes de prospérité et de crises économiques et écologiques. « Les notables Bordelais ont installé ici des propriétés », explique t-il. « Des villégiatures avec une vue imprenable sur le fleuve et la rive gauche. Au 19ème siècle, la production double, les exportations explosent. Le vin se vend bien, très bien. Mais, vers 1870, le phylloxéra puis le mildiou attaquent la vigne à une échelle énorme. C’est un désastre économique sans précédent. »
Nous l’écoutons nous parler surtout de sa passion des arbres et des plantes, de la nécessité de les préserver.
Pins sylvestres, haies, arbres fruitiers, orchidées… Certains de ces végétaux sont rares, très rares, importés par ces mêmes notables négociants de vin qui sillonnaient le monde pour vendre claret et cabernet et qui désiraient des ornements uniques pour leurs parcs et jardins. D’autres surplombent le fleuve depuis plusieurs centaines d’années et abritent une faune endémique très riche. D’autres encore, si on se donne la peine de continuer la randonnée vers Panoramis, point culminant du parc, chantent un ailleurs lointain. Comme ce séquoia, encore un enfant, 30 mètres seulement.
Panoramis : quelle vue, quelle vue !
Au bout d’un chemin creux, à peine dessiné, entre ombres du sous-bois et coteaux ensoleillés, Panoramis apparaît, récompensant instantanément l’abrupte montée. Un site plus pur, confié à la nature, où l’on peut laisser errer son regard vers des lointains visibles et plus encore. Panoramis surplombe le port industriel et ses grues, la Garonne, toujours pressentie, et plus loin encore, les façades de l’autre rive, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Lieu idéal où a été bâtie la Nuit Américaine, refuge périurbain, halte nocturne pour randonneurs. De l’autre côté, une déclinaison infinie de verts, d’ocres et de nuances fruitées. La ville se fait oublier…
Pour un temps.
Il nous faut redescendre.
(arrivée terminus Ligne A – La Gardette/Bassens/Carbon-Blanc)
Auteur : Aïcha Chapelard
Proposées par le GPV à Bordeaux métropole, Ligne (s) Droite (s) a embarqué le public de l’Eté métropolitain 2017 à la (re)découverte de la Rive Droite. En train ou tramway, à vélo ou à pied, huit balades commentées ont permis aux participants venus pour plus de la moitié de la rive gauche, d’appréhender ce territoire en pleine évolution, entre projets innovants et préservation de la qualité de vie. Huit balades et autant de regards différents.