La Rive Droite vue d’ailleurs. En partenariat avec Aqui.fr, un regard sur 10 ans de projets de rénovation urbaine sur le territoire du GPV Rive Droite.
Le Bas Floirac est le seul quartier des « hauts de Garonne » à être situé près du fleuve. Un atout pour cette vaste zone de friche industrielle qui va se transformer radicalement dans les années à venir.
L’opération est répartie sur trois sites : Le quartier Jean Jaurès – Libération ; la friche industrielle Black Clawson et les Etangs. Les deux axes principaux de travaux concernent, d’une part, la construction de logements et, d’autre part, la rénovation ou la restructuration d’équipements publics. Ces équipements sont les plus nombreux sur le quartier Libération et concernent la médiathèque M.270 (déjà en place), le Centre Commercial La Gravette, les écoles Pierre & Marie Curie et Jean Jaurès ainsi que le collège Yves du Manoir. La friche industrielle se verra renommée en site des « Clairières de Flore » avec la création d’une « ville/jardin ». Enfin , le site des Etangs prévoit la création d’un parc urbain. Cette revitalisation d’espaces publics est accompagnée sur chaque site de nouveaux logements – 220 pour les Etangs, 600 pour les Clairières et 327 pour Libération.
On démolit, faut déménager
Le plus conséquent en termes de restructuration sociale sera le projet prévu dans le quartier Jean Jaurès-Libération. 532 logements, tous sociaux, vont être démolis, entraînant le relogement de plus de 1300 personnes. Quelques 327 logements neufs seront construits à leur place sur le site. Il n’y aura donc pas de place pour tout le monde. Une bonne partie des habitants du quartier vont devoir s’en séparer définitivement, se voyant même contraint de quitter Floirac. Qui plus est, dans un souci de diversité de l’habitat, seulement 291 des quelques 1150 logements construits, sur l’ensemble des sites concernés, seront du logement social. C’est donc une augmentation de loyer inévitable que les habitants vont devoir encourir s’il veulent rester sur place.
Un « accompagnement relogement »
Plusieurs mesures sont cependant mises en place pour accompagner les habitants dans leur relogement. Les bailleurs sociaux s’engagent notamment à affecter un conseiller logement à chaque locataire afin de prendre en compte et examiner ses souhaits et demandes particulières concernant le nouveau logement. Le bailleur assurera aussi la prise en charge des frais de déménagement et d’installation des habitants en vue de leur relogement ; ainsi que le remboursement de 50% de la différence entre le montant de l’ancien et du nouveau loyer. Par ailleurs, le service Politique de la ville a recruté une coordinatrice relogement qui se charge de « participer à la recherche de solutions pour un relogement adapté aux besoins des ménages. » comme l’énonce la Charte de relogement ; ainsi que de coordonner l’accompagnement social, non seulement avant mais aussi une fois le relogement effectué.
Entre le confort du flambant neuf et la nostalgie du vieux
C’est environ la moitié des 211 logements, concernés par la première phase de démolition en 2010, des résidences Jean Moulin et Jean Saint Marc, qui vient d’être vidée. Les habitants relogés ont l’air plutôt satisfaits de leur nouveaux appartements. « Parmi les 118 cas de relogement, je n’ai pas encore entendu parler de quelqu’un qui voudrait redéménager. » affirme Valérie Jbali-Duchaillut, chargée de Communication-concertation/rénovation urbaine à la Mairie de Floirac. Une bonne partie des résidents du quartier Libération dénonce cependant le concept de mixité sociale, en reprochant aux concepteurs du projet de faire éclater les communautés existantes. « On se connaît tous ici, c’est très convivial, tout est à proximité, personne ne veut vraiment partir. » avoue Keila, 42 ans, femme au foyer, mère de deux enfants.
Communauté ou pas, le calendrier des travaux est bien fixé, avec un achèvement des opérations prévu aux environs de 2014. Cette fin de travaux signifiera néanmoins seulement le début d’une longue période de restructuration social de cet espace.
Piotr Czarzasty
Cet article a été publié le 20 mai 2008 sur Aqui!